Pixel Invasion : le talent artistique et l’interaction culturelle d’Invader dans les espaces urbains (2024)

Attention ! En marchant sur la route, vous pourriez déjà être« pris pour cible»! En plus des graffitis classiques, vous remarquerez des carreaux de mosaïque ornant les bâtiments et les murs, représentant des créatures extraterrestres ou des figurines pixelisées.En vous promenant dans la rue, il se peut que vous leviez la tête et que vous tombiez nez à nez avec eux !

Ce sont les chefs-d’œuvre d’un artiste de rue français sous le pseudonyme d’Invader, de son vrai nom Frank Slama inspiré dujeu vidéoSpace Invader . Ces œuvres de street art présentent souvent des thèmes d’invasion extraterrestre issus de films de science-fiction, envahissant tranquillement la ville de Paris la nuit. Non seulement à Paris, ces motifs de pixels ont également atterri dans des villes comme New York, Los Angeles et Hong Kong. Rien qu’à Paris, environ 1 500 créatures pixelisées vivent avec nous dans cette ville. Grâce à FlashInvaders, une application conçue par l’artiste, nous pouvons partir à la chasse aux mosaïques, les découvrir, les « flasher » et accumuler des points en fonction de leur taille et de leur rareté.

Pixel Invasion : le talent artistique et l’interaction culturelle d’Invader dans les espaces urbains (1) (Source : LP/Olivier Corsan)

Les mosaïques pixelisées d’Invader s’inscrivent dans un langage graphique typique du graffiti, enrichissant l’atmosphère visuelle des villes. Comme l’a illustré l’article L’effacement des graffitis à Paris : un agencement de maintenance urbaine, il existe un lien complexe entre l’entretien des espaces publics et la suppression des graffitis. Cela nous pousse à interroger la légalité des œuvres d’Invader etleur esthétique symbolique .

Comment les symboles graphiques d’Invader influencent-ils les dynamiques urbaines et l’interaction citoyenne, tout en affrontant les défis de la légalité et de l’acceptabilité ? Tout d’abord, nous discuterons des valeurs artistiques et commerciales des œuvres de créatures pixelisées elles-mêmes. Deuxièmement, nous aborderons la dynamique et l’interactivité des espaces publics urbains. Ensuite, envisageons leur légitimité et leur acceptation par le public. Enfin, nous discuterons si les pratiques de nettoyage peuvent s’appliquer à ces mosaïques comme pour les graffitis.

Talent artistique et commercial des mosaïques de pixels

En évoquant l’art d’Invader, il est impossible de ne pas penser à la tradition de la critique artistique du XVIIIe siècle. Dans Les Salons, Diderot commente les expositions de l’époque, explorant la relation entre l’art, la société et le public. Il ne se contente pas de juger la valeur esthétique des œuvres, mais examine également comment celles-ci dialoguent avec le spectateur, suscitant émotions et réflexions.

De la même manière, bien que les œuvres d’Invader se présentent sous la forme de mosaïques en pixel, leur dimension artistique est indéniable. Comme l’a soutenu Diderot dans Les Salons, un grand art est celui qui interagit avec le public. Invader parvient à intégrer l’esthétique des pixels des jeux vidéo dans le paysage urbain, brisant ainsi les frontières de l’espace d’exposition traditionnel et transformant la ville en un espace d’exposition ouvert. Cette interactivité fait écho à la vision de Diderot selon laquelle l’art ne doit pas être réservé à une élite, mais doit inviter tous les publics à participer et réfléchir.

Je considère ces pièces de mosaïque pixellisées comme des œuvres d’art de l’art contemporain. Premièrement, il est artistique et original. Le style de travail d’Invader est principalement caractérisé par le pixel art, un style inspiré des jeux vidéo des années 1980, en particulier les formes minimalistes des premières images pixel. Son travail utilise souvent des mosaïques en céramique aux couleurs vives composées de motifs et de formes simples pour créer des effets visuels expressifs. Cette conception rend ses œuvres uniques et accrocheuses dans les espaces urbains. Nous pouvons considérer cette forme d’art comme une innovation du langage artistique traditionnel, démontrant son originalité comme d’autres œuvres d’art contemporain dans les musées et les galeries. De nombreux musées et expositions d’art, tel que le Musée en Herbe à Paris, incluent également les œuvres d’Invader, renforçant ainsi son statut artistique.

De plus, sur le marché de l’art, les œuvres d’Invader sont également considérées comme des œuvres d’art de collection. De nombreux amateurs d’art le conservent dans des galeries privées. Certaines de ses œuvres sont apparues dans des maisons de ventes internationales comme Sotheby’s et Christie’s et vendues à des prix élevés, comme « Hong Kong Phooey», prouvant une fois de plus le statut artistique de ses œuvres tant sur le plan commercial que culturel. La reconnaissance du marché de l’art signifie que ces œuvres ne sont pas seulement considérées comme des décorations publiques ou des interventions dans la rue, mais aussi comme des œuvres ayant une valeur artistique et marchande.

Dynamique et interactivité des espaces publics urbains

Les espaces urbains n’ont pas seulement des fonctions physiques, ils sont aussi chargés de symbolisme culturel et artistique. Avec l’application FlashInvaders, l’interaction entre les œuvres d’art et les citoyens n’a jamais été aussi grande. L’application ne se contente pas d’apprécier l’art, elle transforme le processus de recherche de ces œuvres d’art en un jeu amusant. Ce format modifie non seulement la perception de la ville, mais donne également un nouveau sens à l’espace urbain.

Les mosaïques pixelisées d’Invader ne sont pas seulement incrustées dans les murs ou les bâtiments, mais sont parfois même cachées sous des tunnels ou des ponts, une disposition qui abolit les frontières entre l’art et le tissu urbain. Les œuvres d’art ne sont pas de simples décorations statiques, mais font partie de la vie urbaine et participent de manière interactive aux promenades quotidiennes et à l’exploration de la ville.

En outre, cette expérience dynamique permet aux gens d’interagir avec l’espace urbain d’une manière qui stimule leur sensibilité et leur curiosité à l’égard de leur environnement. Les œuvres d’art d’Invader sont astucieusement dissimulées dans toute la ville, obligeant les participants à réexaminer leur environnement quotidien sous un angle différent. Ce comportement transforme le paysage urbain statique en un « terrain de jeu artistique » vivant, transformant la ville en un espace d’exposition ouvert et en constante évolution. Avec les pas des joueurs, les rues, les bâtiments et même les musées deviennent partie intégrante de l’œuvre d’art, conférant à l’espace urbain une nouvelle dynamique et de multiples significations.

En même temps, cette forme d’art fait entrer l’observation traditionnelle de l’art dans l’ère numérique. Grâce au GPS et aux systèmes de classement, les joueurs ne sont pas seulement des spectateurs passifs, mais des explorateurs actifs de la ville, dont le comportement rend la ville interactive. Les œuvres d’Invader ne sont pas seulement physiquement intégrées dans le tissu urbain, mais grâce à cette interaction numérique, elles sont devenues une partie importante de la culture mondiale de l’art de la rue. La ville n’est plus seulement une toile de fond dans ce processus, mais une plateforme culturelle vibrante et en constante évolution.

Légitimité et acceptation par le public

En fait, tous ces graffitis en mosaïque ont été réalisés en douce par l’auteur sans le consentement de quiconque. Ce sont de véritables « envahisseurs » illégaux au regard de la loi. Dans la plupart des villes, l’art public non autorisé est souvent classé comme graffiti ou vandalisme et n’est donc pas légalement autorisé, et le créateur a été arrêté pour installations illégales, ce qui montre aux artistes pratiquant l’art public les risques juridiques et les défis rencontrés lors de la création.

Pourtant, l’accueil réservé au travail d’Invader varie d’une ville à l’autre. Dans de nombreux endroits, le public a accueilli favorablement ses œuvres, affirmant qu’elles ajoutent de la couleur et de la vitalité à la ville. À Tokyo, par exemple, lorsqu’une œuvre représentant Astro Boy a été retirée, les citoyens ont exprimé une forte opposition à cette décision, arguant qu’il s’agissait d’une œuvre d’art et qu’elle devait être correctement préservée. Cette réaction reflète la reconnaissance de l’art d’Invader et la poursuite de l’embellissement urbain. Beaucoup de gens ont commencé à considérer ses œuvres comme faisant partie du paysage urbain plutôt que comme un simple acte de graffiti.

Pixel Invasion : le talent artistique et l’interaction culturelle d’Invader dans les espaces urbains (2) (Source : Edouard Marzin)

Il y a même des fans ardents qui, pour imiter et suivre ses traces, ont constitué de nombreuses mosaïques déroutantes, comme des images extraterrestres. Bien que les créations artistiques d’Invader soient légalement controversées, le soutien et l’appréciation du public témoignent de la reconnaissance de la valeur de l’art de rue. Ce phénomène reflète également l’évolution de l’utilisation et de l’esthétique de l’espace urbain par la société, suggérant que de plus en plus de citoyens considèrent ces œuvres comme faisant partie de leur patrimoine culturel.

Façons d’effacement : existe-t-il une analogie avec le graffiti ?

L’esthétique est une question très subjective, certains peuvent la classer comme une « pollution visuelle » tandis que d’autres la voient comme une œuvre d’art. Il existe également un phénomène de nettoyage de ces œuvres en mosaïque : la plupart des plus d’une dizaine d’œuvres discrètement placées au Louvre par Invader ont été supprimées. L’article que j’ai lu soulignait également que la suppression des graffitis est également sélective, nécessitant un jugement qualitatif sur les aspects artistiques et sociaux des graffitis et mettant en œuvre une politique de tolérance zéro pour les graffitis au contenu offensant. Ces jugements peuvent également être utilisés pour la dépose d’œuvres en mosaïque. Cependant, le style des œuvres mosaïque est relativement uniforme et il n’y a pas de contenu offensant, donc je pense que ces œuvres peuvent éviter le sort d’être effacées.

Nous devons également éliminer correctement le matériel s’il doit être retiré. Ces mosaïques sont constituées de petits carreaux carrés. S’ils sont fixés au mur avec de la colle, ils peuvent être retirés physiquement : à l’aide d’un outil approprié (pelle, grattoir par exemple), décollez-les délicatement du mur. Nous pouvons également utiliser certains solvants chimiques, comme des adhésifs adoucissants, pour faciliter le nettoyage. Ceux-ci nécessitent une exploitation minutieuse par des professionnels pour éviter de causer des dommages plus importants au mur et maintenir la fragilité de la surface urbaine.

Plutôt que de me débarrasser des œuvres, je préférerais les déplacer vers un endroit spécifique pour les préserver, par exemple en créant un musée ou une exposition spéciale, mais ce ne sont que de belles conceptions pour le moment.

En fait, le plus parfait serait de laisser ces créatures en mosaïque rester là où elles sont, leur permettant ainsi d’enrichir notre paysage urbain et de vivre avec nous. Cependant, cette situation présente certaines complications, car elle n’est pas autorisée par la loi, mais les responsables de la ville maintiennent toujours une attitude tolérante à son égard. La grande majorité des œuvres apparaissent dans les rues et ruelles de la ville sous forme de street art. Cette forme d’art améliore non seulement l’esthétique des espaces urbains, mais encourage également les citoyens à réexaminer leur environnement et à participer à la vie culturelle.

En conclusion, les œuvres d’art de rue en mosaïque d’Invader sont sans précédent en termes de talent artistique et d’unicité, et leur valeur commerciale est également très élevée. Ces œuvres sont des graffitis qui méritent d’être préservés car ils permettent au public de s’engager directement dans l’art et d’interagir avec les espaces urbains dans lesquels nous vivons. Cette interaction améliore non seulement l’esthétique de l’environnement urbain, mais incite également les personnes à réexaminer l’espace qui les entoure.

Si la question de la légalisation reste controversée, celle de savoir si ces œuvres doivent être purgées est complexe. L’élimination de ce comportement nécessite une prise en compte globale de multiples dimensions, notamment le gouvernement, le public, l’espace urbain et l’art. Pour moi, les avantages de la préservation de ces œuvres dépassent les inconvénients potentiels. Il ne s’agit pas seulement de protéger l’art, mais aussi de reconnaître et de soutenir la diversité culturelle urbaine. Dans ce processus, la réaction du public et l’acceptation de l’art sont particulièrement importantes.

Références

https://www.space-invaders.com/

https://www.untappedcities.com/french-street-artist-space-invader-back-after-arrest-nyc/

https://www.abc.net.au/news/2015-01-21/hong-kong-phooey-invader-mosaic-sells-at-sothebys-auction/6031980

https://journals.openedition.org/ceroart/5745

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante:
shenjingyuan (22 octobre 2024). Pixel Invasion : le talent artistique et l’interaction culturelle d’Invader dans les espaces urbains. Comment voit-on la ville ? Consulté le 25 octobre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12jyy

Pixel Invasion : le talent artistique et l’interaction culturelle d’Invader dans les espaces urbains (2024)

References

Top Articles
Latest Posts
Recommended Articles
Article information

Author: Arline Emard IV

Last Updated:

Views: 6798

Rating: 4.1 / 5 (72 voted)

Reviews: 87% of readers found this page helpful

Author information

Name: Arline Emard IV

Birthday: 1996-07-10

Address: 8912 Hintz Shore, West Louie, AZ 69363-0747

Phone: +13454700762376

Job: Administration Technician

Hobby: Paintball, Horseback riding, Cycling, Running, Macrame, Playing musical instruments, Soapmaking

Introduction: My name is Arline Emard IV, I am a cheerful, gorgeous, colorful, joyous, excited, super, inquisitive person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.